Chasse au trésor à la piscine !
Dans notre précédente édition, nous vous faisions part de cette belle soirée costumée d’avril où le gotha avait investi les Marolles et ses Bains, en condamnant de fait leur accès au public. Voici quelques pistes pour utiliser les fonds récoltés lors de cette fête, réduire la vétusté des Bains du Centre et améliorer le confort des usagers.
Vous aviez peut-être pris connaissance dans la dernière édition du “Pavé” d’une fête, plus exactement d’un “zoo humain” organisé dans la piscine de la place du Jeu de Balle en avril dernier. Nous avons, depuis, obtenu plus d’informations sur l’organisation de cet événement, grâce aux images édifiantes disponibles via une couverture télé nationale (1) et via le compte Youtube de l’organisateur (2). La petite sauterie où des serveurs en grenouillère servaient du champagne depuis le bassin des enfants et scolaires, a en effet eu lieu au mépris des plus élémentaires règles d’hygiène, les habituels pédiluves ayant été vidés pour assurer le passage des escarpins Louboutin et autres animaux à poils. Plus affligeant encore, les douches publiques ont elles aussi été fermées en raison de cet événement (et non pas, comme annoncé officiellement, à cause de travaux de maintenance !), privant d’accès les plus démunis à une hygiène de base.
La fermeture de la piscine le vendredi après-midi et le samedi a de toute évidence été savamment planifiée et validée en haut lieu. L’accès aux comptes et budget de cette fête nous aurait alors permis d’établir un probable profit lié à la location du lieu et de tracer l’utilisation postérieure de cet argent. Il nous est malheureusement impossible à ce jour d’accéder à ces informations. Bref, il semble bien y avoir un trésor dans cette piscine mais sa clé reste fort bien cachée.
Vétusté et Contrat de quartier
Le contraste entre le faste de cet événement privé et la vétusté de ce bien public est aisément notable. Dans un monde d’honnêteté et de transparence, il aurait été envisageable de considérer que la location d’un tel site classé bénéficie directement à sa restauration. Voici quelques pistes au cas où ces fonds réapparaîtraient.
Les Bains du Centre sont un bien public fragile. D’une part ils accueillent un public nombreux et populaire (écoles, sportifs, personnes indigentes…), d’autre part leurs infrastructures sont classées et doivent continuer à servir les usagers, ce sur fond de normes sanitaires modernes contraignantes. Cela engendre un taux d’usure élevé, avec des difficultés de maintenance. Lors de notre dernier passage, entre un quart et un tiers des douches étaient défectueuses pour les bassins du 1er et du 3ème étage. Les carreaux de revêtement manquent par pans entiers en plusieurs endroits des vestiaires. Beaucoup de fenêtres sont condamnées et un simple effort de peinture dans les communs permettrait de diminuer l’impression de vétusté. Concernant les dépenses de fonctionnement, on pourra aussi se poser la question de savoir si l’absence de savon dans les sanitaires est une économie souhaitable. Enfin, l’accueil des accompagnants pourrait lui aussi être amélioré, avec de nombreux parents obligés de s’asseoir à même le sol en attendant la fin des cours de natations.
Les Bains du Centre sont la propriété de la Ville de Bruxelles et celle-ci en assure directement la gestion via son service des Sports. Dans le Contrat de quartier Marolles, un programme de rénovation est prévu, focalisé sur “le pôle sportif, au-delà de la piscine” (3). Il semble par ailleurs qu’un programme dédié pour la piscine soit en discussion pour ce site de grande envergure, avec une rénovation complète attendue pour 2025. Face aux enjeux financiers, il nous paraît important que tous y contribuent, même le gotha…
• Yves Cariou, nageur et Marollien
1. « Un grand dîner surréaliste aux Bains de Bruxelles », Place Royale, RTL, 14/5/2018.
2. Compte Youtube de Charles Kaisin.
3. Programme du Contrat de quartier Marolles, « Réflexion et réaménagement des espaces sportifs disponibles dans les bains de Bruxelles », février 2018.
tout simplement ceci: on enleve aux pauvres pour donner aux riches