La rue des Renards refuse l’asphyxie
La Régie foncière de la Ville de Bruxelles veut démolir-reconstruire une maison de la rue des Renards. Un chantier lourd, d’au moins deux ans, qui va produire d’importantes nuisances pour les riverains et usagers de cette ruelle très fréquentée. Ceux-ci mettent en doute l’utilité du projet et se mobilisent pour qu’il soit revu à la faveur d’une rénovation douce.
C’est en pleines vacances de Toussaint, que la Ville a lancé l’enquête publique sur un projet immobilier très impactant pour le tissu social et économique de cette rue emblématique. Malgré ce timing défavorable à la prise de connaissance du dossier et à la remise d’avis écrits dans les délais impartis (15 jours), une trentaine de commerçants, habitants et associations de la rue des Renards se sont rassemblés pour remettre un avis commun à la Commission de concertation qui se penchait, le 13 novembre dernier, sur cette demande de permis d’urbanisme.
La maison du n°15 rue des Renards date d’au moins 1868. L’arrière maison comprend encore des vestiges souterrains de l’ancienne impasse Meert et peut-être de l’ancien couvent des Capucins, qui s’y trouvaient au préalable.
Les riverains ne comprennent pas les motivations d’une démolition. L’état du bâtiment n’est certes pas optimal, mais ne paraît pas nécessiter des travaux si lourds, et n’est dû qu’au manque d’entretien et au vide locatif dont la Régie foncière, propriétaire depuis au moins 1984, est responsable. Deux des quatre appartements restent délibérément vides depuis plusieurs années, ce qui pose question dans le chef d’un pouvoir public au moment où Bruxelles connaît une importante crise du logement. Le projet de la Ville nécessiterait de déloger deux locataires très anciens (qui ont découvert le projet par le biais de l’enquête publique) et plus que vraisemblablement le commerce Calaveras (qui vient à peine d’installer sa clientèle), pour ne produire au final qu’un nombre de logements identiques dont les loyers seront bien plus élevés qu’actuellement ‑ voilà sans doute l’objectif de l’opération. Mais à quel prix pour le quartier ?
Dans cette époque où la lutte contre le réchauffement climatique est une urgence absolue, comment justifier une démolition-reconstruction, produisant un bilan carbone bien plus élevé qu’une rénovation douce ? De plus, le projet ne prévoit aucune toiture verte, mais ferait disparaître un jardin qui serait remplacé par des cours intérieures verdurisées quasi privées de lumière du jour.
Artère piétonne très étroite, habitée et abritant une activité commerçante et touristique dense, la rue des Renards est le principal axe de liaison entre la place du Jeu de Balle et la rue Haute. Or, mener pareils travaux à cet endroit obligerait à installer les engins de chantier (grue, camions, containers…) sur la voirie et mènerait pendant des mois à bloquer la rue, à provoquer quotidiennement bruits, vibrations, poussière, boue (la zone est marécageuse), risques de fissures dans les immeubles voisins, etc. Le chantier de construction du Centre culturel Bruegel a produit de tels effets, obstruant par périodes le passage des PMR et des cyclistes, des classes d’écoles, des personnes avec caddies ou poussettes, des véhicules de pompiers, de livraison, de ramassage des poubelles…
Cela est d’autant plus problématique que le périmètre, déjà sujet à de nombreuses sources de pollution sonore, connaît d’incessants chantiers depuis plusieurs années (Bibliothèque et Centre culturel Bruegel, plusieurs chantiers limitrophes sur la rue Haute et la rue des Capucins…), et que la Ville prévoit ensuite un réaménagement complet de la rue des Renards dans le cadre du Contrat de quartier Marolles ! Sans aucune coordination entre ces chantiers, bien entendu…
Les habitants aspirent désormais à un peu de tranquillité. Les commerçants, dont l’activité commence tout juste à reprendre un peu son essor après la période morose qui a suivi les attentats de 2016, ne veulent pas mettre la clef sous le paillasson. Ensemble, ils demandent à la Ville de revoir ce projet néfaste à la faveur d’une rénovation douce, en préservant les espaces et les gabarits originaux de la maison, en maintenant les locataires et le commerce actuellement présents… et en mettant ensuite en place un système d’entretien digne de ce nom. Est-ce vraiment trop demander ?
• D’après le texte des commerçants et habitants de la rue des Renards
Je vois déjà la belle annonce de location…
En Anglais bien probablement
Avec un loyer exorbitant… exclusif au sens propre?
Vous avez dit speculation? gentrification?
Pffffff?
Laisser cette rue tranquille, surtout que ce choix de rénovation sent le dessous de table et la corruption à plein nez.
exactement
Bah, ce coin est déjà complètement gentrifié. Un peu plus ou un peu moins…
Et dire que j’ai du quitter le premier étage sous prétexte que celui-ci était loué avec le magasin situé en dessous.
Le patron du magasin nie avoir loué le premier étage avec le commerce.
Il ne savait même pas qu’il en avait été question.
Voir différents articles « Manu Brocante » sur le net.