Protéger le Vieux Marché : pour une déchetterie aux Marolles
Le Vieux Marché est une entité économique vitale dans le quartier, qui opère du vide-maison en amont et génère du brol et du déchet en aval. Il y a pourtant un chaînon manquant qui permettrait de compléter ce processus de recyclage et de résoudre les problèmes de dépôts dans le quartier : une déchetterie !
Le Vieux Marché est un poumon économique des Marolles. Cette activité de service fort utile consiste à vider le logement d’une personne décédée de tout ce dont les héritiers n’ont pas voulu et ne savent que faire. Ce cycle de production essentiellement urbain approvisionne les brocanteurs établis et pour les plus belles pièces, les antiquaires (y compris ceux du Sablon). Le reste est proposé à la vente sur le Vieux Marché. Cette activité, incidemment, fait vivre tout l’Horeca autour de la place du Jeu de Balle.
Cependant tout ne se vend pas, il y a un “reste”, le brol du brol, le quasi déchet : ce que personne n’a acheté, ce que les marchands n’ont pas pu ou pas voulu recharger dans leurs camions…
Si jusqu’au début des années 1970, la gestion des déchets était en grande partie couplée au réseau bien vivant de la récupération des métaux et des loques établi dans le quartier, depuis le développement de la société de consommation et l’avènement de l’ère du plastique il en va autrement. Le volume des déchets a explosé, en même temps que la valeur de ces déchets a baissé.
On se rappellera qu’à un moment le service de la Propreté Publique de la Ville a installé sur la place du Jeu de Balle un conteneur-compacteur, surveillé pendant les heures d’ouverture du marché par un employé. L’expérience a tourné court, le service de la Propreté Publique n’en ayant plus voulu, parce que le conteneur “attirait” les déchets. En effet, les employés de ce service découvraient à l’ouverture du marché ce conteneur entouré d’un monceau de déchets, déposés là à la faveur de la nuit. On pourrait penser que c’était une bonne chose : il n’était plus besoin de sillonner le quartier pour rassembler les déchets, heureusement concentrés à cet endroit, facilitant en quelque sorte le ramassage. Ce n’était pas l’avis du service, dont le travail était désorganisé parce qu’il se voyait obligé d’envoyer une équipe spéciale le matin tôt. Pourtant, si les déchets affluent, c’est bien qu’il existe un besoin non satisfait. Il ne faut donc pas trop écouter les responsables de la Propreté Publique qui rechignent (“c’est impossible”, “ça coûte trop cher”) : il y a toujours mille raisons de NE PAS entreprendre.
Il est bien sûr plus aisé de dire que les échoppiers “n’ont qu’à” se rendre à une des deux déchetteries régionales. C’est oublier qu’elles sont établies au diable Vauvert (dans le bas de Forest ou au pont Van Praet) et qu’étant saturées, il faut y affronter une longue file d’attente.
Propositions pour soutenir l’activité du Vieux Marché
➔ Ce dont le Vieux Marché a besoin, c’est d’une déchetterie à proximité. Soit un emplacement d’environ 400 m2 capable d’accueillir environ 4 containers de 20 à 40m3 (pour le bois, le métal, le papier, et pour le mélange non trié). L’idée n’est pas nouvelle. Cette déchetterie serait gérée par des agents de la Propreté Publique et accessible aux échoppiers à la fin du Marché. Située au plus proche du Vieux Marché, elle pourrait s’accompagner d’une ressourcerie. Mais une ressourcerie seule ne règlera rien !
➔ Quoi, il n’y a pas de place pour installer une déchetterie ? Il est vrai que deux occasions en or ont été ratées, lors du réaménagement de la rue Sainte-Thérèse et lors de la rénovation de l’ancienne caserne des pompiers. Mais il existe plusieurs scénarios dans le quartier qui méritent d’être étudiés sérieusement. Notamment : l’ancienne brasserie de la rue des Capucins, les cours intérieures de l’ancienne caserne (l’ancien “Skieven Architek”, vide depuis plusieurs années, pourrait abriter la ressourcerie), ou encore les garages du Logement Bruxellois, rue de la Philanthropie. Ce dernier endroit n’est pas loin de la place du Jeu de Balle, il y a une bonne hauteur sous plafond : au moins 4 mètres de haut. Le risque d’incendie ? Il est moins élevé que dans un parking rempli de voitures. On peut installer des sprinklers, et n’oublions pas que le remplissage des containers à déchets se fait sous la surveillance d’un employé du service de la Propreté Publique qui veille au respect de l’interdiction de fumer.
➔ Nous demandons que le Contrat de quartier finance une étude approfondie et sans a-priori sur la gestion des déchets dans le quartier (sur le budget “Optimisation et coordination de la propreté au sein du quartier”), qui examine la fin de la “chaîne de production” du Vieux Marché, et la problématique des déchets qui y est nécessairement liée. Cette étude, basée sur une observation fine, et faite avec la participation de tous les acteurs concernés, doit viser avant tout à rencontrer les besoins des échoppiers. Les possibilités les plus diverses devraient être analysées en détail avant tout choix de projet et de localisation, que cela débouche sur une déchetterie, la mise à disposition de containers à déchets (mobiles) à la fin du marché, ou pourquoi pas un système de collecte vers les déchetteries régionales organisée “à tour de rôle” par une entente entre échoppiers.
➔ Il faut absolument éviter de considérer en tant que “commerces vides” les rez-de-chaussées occupés comme espaces de stockage : ils sont profitables à l’économie du Vieux Marché et à la mobilité douce (trajets moindres, déplacements en charrette) ! Au contraire, il s’agit d’augmenter les espaces de stockages dans le quartier. Cela réduirait le nombre de camionnettes.
➔ La solution à la problématique du stationnement des camions des échoppiers du Vieux Marché est bien connue. Il faut simplement que la Ville entérine une fois pour toutes que l’emplacement qui leur est destiné est celui qui remplit déjà cette fonction, sur la Petite Ceinture (à la hauteur des rues Terre-Neuve et des Tanneurs). Pour rendre cette solution parfaitement viable, il suffit de redessiner les emplacements en épis, d’installer une barrière réservant l’accès aux échoppiers (par exemple via un pass délivré en même temps que les cartes de vendeurs, sans augmentation de tarif) et de trouver une solution alternative pour le stationnement pendant les deux mois de la Foire du Midi.
➔ En plus d’être socialement important, le « glanage informel » qui a lieu à la fermeture du marché n’est pas à négliger : il participe à la diminution du volume des déchets.
➔ Une autre innovation bienvenue serait un système plus collectif d’entreposage des stocks des échoppiers. On pourrait imaginer des charrettes-containers qui contiendraient ces stocks. Ces charrettes fermées, d’une capacité d’environ 400 kg/2 m3 pourraient être remisées dans un garage à proximité immédiate du Vieux Marché. Le système est pratiqué aux Pays-Bas. Ici, il pourrait être géré par une coopérative d’échoppiers, lesquels garderaient ainsi le contrôle de leur outil de travail. Un tel système accélère notablement l’installation du marché, fournit une certaine protection contre les intempéries, diminue le trafic des camionnettes… Idéalement ce garage devrait être contigu à la déchetterie.
Utopique ? Pourtant, si la Ville veut vraiment protéger son Vieux Marché, elle doit favoriser de telles initiatives. Le Contrat de quartier en est l’occasion !
[ Références dans le dossier de base du Contrat de quartier : 1.2a, 5.9 ]Lire aussi notre article :
Économie circulaire ? Éviter de tourner en rond…
Bonnes idées concrètes mais je pense qu’une résponsabilitsation des échoppiers est primordiale. Il n’y a aucun respect pour le quartier dans lequel ils travaillent et cela est intolérable pour les habitants aux alentours de la place.