Sous les pavés la plage ?
Je suis la râleuse de service, mais il faut dire que pas de bus dans la rue Haute du 1er février au 30 avril 2019, il y avait de quoi me mettre en boule. Des travaux ? Mais pour qui et pourquoi ? J’ai tenté d’y voir clair.
Je commence mon enquête sur ces fichus travaux par les commerçants qui étaient au courant depuis le mois d’août. En principe, les tranchées auraient dû apparaître en octobre. Il aurait été sympa d’en tenir informés les habitants, mais soit. Les commerçants contrariés par des travaux qui se seraient déroulés pendant la période des fêtes et les soldes ont donc pris un avocat afin de faire reporter ces travaux au mois de février.
J’apprends aussi qu’une collaboration inédite est mise en place entre la Cellule Commerce de la Ville de Bruxelles et les commerçants. Je décide donc de m’inviter aux réunions d’information organisées régulièrement par le nouvel Échevin du Commerce, les responsables de Sibelga qui supervisent le chantier et les commerçants.
Première réunion après une semaine de travaux et le sujet n°1 est la saga du panneau qui a remporté le prix du non-sens, mais qui aura fait le buzz puisque partagé par plus de 38000 internautes et même les honneurs du « Grand Cactus » sur la RTBF ! On nous écoute, on nous répond ; et les commerçants de leur côté se partagent des sacs shopping siglés Marolles qui seront distribués un peu partout dans le quartier… Mais ça ne m’explique toujours pas le pourquoi de ces travaux ! Bien sûr, il se chuchote que c’est de la faute du jeune pâtissier et de ses nouvelles machines. Réponse des responsables des travaux : « Mais non, il n’est pas seul en cause, d’autres commerces avaient demandé des changements bien avant lui ! »
Lorsqu’il s’est installé, le vendeur de matériel professionnel avait assuré au jeune pâtissier que les machines proposées étaient aux normes européennes. Il vérifie auprès du distributeur d’électricité qui lui répond qu’il n’y a pas de soucis (pour les techniciens, ces machines fonctionnent en 400 volts triphasés). Arrivent les machines et gros couac, le réseau actuel n’est pas prévu pour ce type de branchement. Après une dépense supplémentaire pour un transformateur (5000 € quand même), le voici enfin prêt à travailler.
Alors, normes européennes ou pas ? Quelques questions plus tard, j’apprends qu’effectivement il s’agit d’une norme appliquée dans toute l’Europe, exception faite de quelques irréductibles dont la Belgique ! La distribution électrique en triphasé limite la déperdition d’électricité et est moins énergivore. C’est indispensable pour les machines de type industriel, pour les pompes à chaleur mais aussi si on désire installer dans l’avenir des bornes de recharge pour les véhicules électriques.
Réunion n°2, me voici ! Beau travail puisque toutes nos remarques ont fait l’objet d’un suivi ! Et mon commentaire sur le manque criant de bus rue Haute a porté ses fruits puisque après d’âpres tractations avec la STIB, les bus referont leur apparition dans la rue Haute le week-end uniquement, mais c’est déjà ça.
Rappelons tout de même que, et c’est une grande première à Bruxelles, ce sont trois gros opérateurs (Sibelga, Vivaqua et Proximus) qui travaillent ensemble et que ces derniers seront interdits de trous, sauf urgence, pour les trois années à venir. Soulignons enfin que ce chantier est mené de main de maître par une équipe efficace et qui tient parole, que le chef de chantier informe chacun avec sourire à propos des perturbations qu’il pourrait connaître dans sa distribution d’énergie ou d’eau et que chaque jour à 15h tapantes la rue est rendue à la circulation et le chantier nettoyé. D’ailleurs, à ce jour, ils ont même une dizaine de jours d’avance sur le planning annoncé. Reste une question de taille : pourquoi tout ce qui fait de ce chantier une exception n’est pas la règle ? Espérons que l’exemple de la rue Haute donnera des idées à tous nos décideurs et que les travaux se feront plus rares dans l’agglomération.
• Helena