“Agir immédiatement sur les vraies poches de pauvreté”, ça veut dire quoi ?

En présentant le Contrat de quartier Marolles à la RTBF, le bourgmestre Philippe Close déclare : “On a parfois l’image que le quartier des Marolles serait devenu un quartier ‘bobo’, gentrifié… Or, c’est tout l’inverse. Il y a un côté ‘façade’ très agréable mais derrière cela, il y a de vraies poches de pauvreté sur lesquelles il faut agir immédiatement.”

On ignore à quoi pense le bourgmestre quand il parle de “vraies poches de pauvreté”. Nous, quand on entend ça, ça nous évoque des ensembles (Querelle, Brigittines, Radis-Lacaille, Philanthropie, “nouveaux blocs” rue Haute…) construits à une époque où l’on entassait les locataires sociaux à la verticale ou à l’horizontale. Des cités mal isolées, mal insonorisées, dangereuses en cas d’incendie, dotées d’espaces publics de piètre qualité, et qui de plus ont été mal entretenues. Elles sont gérées par le Logement bruxellois (ex-Foyer bruxellois), une société immobilière de service public qui a “pour vocation première de mettre sur le marché locatif public des logements décents à un prix adapté aux revenus d’une population n’ayant que peu d’accès au marché locatif privé”.

Le Logement bruxellois est placé sous la tutelle de la Société du logement de la Région de Bruxelles-Capitale (SLRB). La Ville de Bruxelles y est représentée dans son conseil d’administration. Voilà donc le levier que les pouvoirs publics peuvent actionner s’ils veulent réellement “agir immédiatement” sur ces “vraies poches de pauvreté”. En commençant par faire en sorte que ces logements soient tous décents, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.

Le dispositif du Contrat de quartier, lui, ne permet pas (ni légalement ni financièrement) d’intervenir directement sur ces cités. Ce qu’il peut, par contre, c’est améliorer les espaces publics situés en intérieur ou aux abords immédiats de ces ilôts (petits jardins, plaines de jeux, potagers…), valoriser et rendre davantage accessibles les parcs existants (plaine des Escargots, Porte Rouge,…), mettre en place des services de proximité, créer de l’emploi local… Voilà à quoi il peut servir. C’est d’ailleurs la philosophie initiale du dossier de candidature de la Ville de Bruxelles et du diagnostic établi par le bureau d’études, aujourd’hui en partie gommée dans les “fiches projets” soumises à l’enquête publique. La Commission de concertation et la Région bruxelloise ont encore la possibilité de repositionner le Contrat de quartier dans cette perspective.

(Photo : Exemple du manque d’entretien des cités du Foyer Bruxellois… En 2015 aux Brigittines, l’escalier de secours de la tour est bloqué car il risque de s’écrouler.)

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