Réaménager 6 rues, plutôt qu’en entretenir 25 ?
Le Contrat de quartier (CDQ) prévoit un budget conséquent pour le réaménagement complet de six rues, au risque de faire disparaître leur charme et en laissant toutes les autres voiries du périmètre dans leur état actuel. Mais… pourquoi ne pas plutôt utiliser cet argent pour créer un dispositif d’entretien de l’ensemble des rues marolliennes ?!
Le programme du CDQ a sélectionné six rues qu’il prévoit de réaménager de façade à façade : Miroir, Saint-Ghislain, Renards, Faucon, Abricotier, Samaritaine. Hormis la rue du Miroir qui a été particulièrement mal conçue (trottoirs, dos d’âne…) et demande à être repensée, on peut s’interroger sur les motivations de ce choix…
Ces six rues sont pour la plupart localisées dans la partie du quartier où sont observés les principaux flux touristiques, ou sur le parcours des flux qui seraient générés par le projet “d’activation des rampes du palais de Justice”. Si l’on prend l’exemple de la rue des Renards, le dossier de base du CDQ décrit celle-ci comme une “petite ruelle piétonne à caractère commercial et touristique” qui “constitue un lien commercial important entre la rue Haute et la rue Blaes”. Les auteurs semblent ainsi oublier qu’il s’agit aussi d’une rue où l’habitat est important et où la pression touristique est déjà très forte, alors qu’un CDQ est censé améliorer la vie locale et que celui-ci en particulier a été motivé par la volonté de “contrebalancer la pression immobilière et touristique grandissante menaçant [l’]identité et [l’]accessibilité” des Marolles (1).
Le projet actuel reste vague quant au type d’interventions envisagées. L’importance des budgets (1.874.749€) laisse entrevoir des réaménagements conséquents qui auront non seulement un impact lourd sur la vie locale dans un quartier subissant déjà d’incessants chantiers et où habitants comme commerçants aspirent à un peu de tranquillité, et qui modifieront aussi sensiblement l’apparence et le charme de ces rues. Au risque d’uniformiser l’espace public, de faire perdre aux Marolles leur spécificité, cette ambiance particulière, ce caractère “authentique” et poétique dû notamment à l’aspect “dépareillé” de ces rues et auxquels tiennent tant les habitants que les visiteurs du quartier.
Si certaines rues des Marolles sont en mauvais état, c’est par manque d’entretien et “notamment en raison de nombreuses interventions ponctuelles et disparates qui peu à peu défigurent la voirie” (2). Les six rues sélectionnées par la Ville de Bruxelles ne sont pas les seules du périmètre à souffrir du même symptôme : on pense notamment à la rue du Remblai ou à la rue de Wynants dont le pavage est particulièrement cabossé et abimé. Alors, plutôt que de cibler quelques coûteuses opérations tape-à-l’oeil, un CDQ “durable” devrait permettre d’entretenir toutes les rues du périmètre (environ vingt-cinq), au bénéfice de tout le quartier. Cela pourrait être mené à bien dans le délais des 4 années du processus.
Mieux : le CDQ pourrait être l’occasion de mettre en place un dispositif d’entretien à long terme pour toutes les rues des Marolles. C’était notamment le sens de notre proposition de créer une coopérative de paveurs (3), devenue “brigade des paveurs” dans le programme du CDQ, mais dont l’intervention n’est pour l’instant prévue que pour l’entretien du pavage de la place du Jeu de Balle.
Le programme du CDQ peut encore être amendé, il n’est donc pas trop tard pour le modifier afin qu’il profite à tous les habitants et qu’il soit réellement “durable” !
• Pavé dans les Marolles
- Communiqués du Ministre-Président Rudi Vervoort et de l’Échevine Ans Persoons, mars 2017.
- Extrait du dossier de base du CDQ, novembre 2017.
- Lire les n°2 et n°3 du Pavé.
Bonjour. Y a-t-il un calendrier pour les travaux ? Un plan ou une projection consultables ?