Eclairagesn°2

Marolles, année zéro

Conçu pour s’étaler sur plusieurs années (en général de 4 à 7 ans), un Contrat de quartier est théoriquement « conclu entre la Région, la commune et les habitants d’un quartier bruxellois ». Il se base sur le travail préparatoire d’une année zéro, censée durer 10 mois top chrono, qui est amputée à son départ de plusieurs mois de mise en place et à sa fin de plusieurs mois de négociations politiques et de procédures administratives. Sans compter les vacances… Comment les habitants peuvent-ils intervenir dans un projet si complexe, dans un laps de temps si court ?

Les autorités expliquent que les Contrats de quartier doivent partir « des besoins, des souhaits et des priorités » des habitants, ceux-ci étant censés être « consultés avant toute décision et encouragés à participer activement aux projets de changements ». En toute logique, la participation des habitants devrait donc passer par une première phase d’information et de pédagogie (qu’est-ce qu’un Contrat de quartier, qui est responsable de quoi, les différentes phases, les budgets en jeu, comment les habitants peuvent intervenir…), avant de mettre en place des dispositifs adéquats pour s’adresser à tous les types de populations, et faire émerger leurs souhaits et leurs besoins. Encore faudrait-il en avoir le temps.

Dans le cas Marolles, l’année zéro a démarré en mai 2017 par la désignation d’un bureau d’études, même si ce n’est qu’en juin que le Contrat de quartier a commencé à être annoncé aux habitants. Pour respecter les délais fixés par l’ordonnance régionale, le bureau d’études devait élaborer un pré-diagnostic pour fin septembre, puis une première liste de projets pour le mois de novembre, afin que la Ville de Bruxelles puisse s’en emparer en décembre et l’adopter ou le remodeler à sa sauce sous forme d’un programme de base. Lequel doit ensuite passer en enquête publique et être enfin approuvé par la Région avant le 31 mars 2018.

Dans des délais si serrés, il reste peu de place pour la réflexion et la participation citoyenne, et le moindre raté devient irrécupérable. Or, les ratés ne manquent pas. Ainsi, la première assemblée générale de quartier dans les Marolles, en juin, n’a été annoncée que quelques jours à l’avance. Puis, deux forums ont été planifiés… cet été, en plein moment de retour de vacances et de rentrée scolaire. Enfin, il y avait moins de 10 habitants, en octobre, aux ateliers censés recueillir l’avis de la population sur le diagnostic du Contrat de quartier (qui va servir de base pour élaborer le programme et définir le budget) : les toutes-boîtes n’avaient pas été distribués… quant à leur apparence, elle aurait tout aussi bien pu être celle d’une affiche d’exposition d’architecture, peu propice à attirer l’attention des habitants sur les enjeux en débat. Face à ce cuisant échec, l’échevin de la Participation citoyenne et de la Revitalisation urbaine avait solennellement annoncé qu’il reprogrammerait ces ateliers dans les semaines suivantes. Il ne l’a pas fait, renvoyant la discussion à une assemblée générale de quartier fin novembre.

Résultat des courses : alors qu’une grande partie des Marolliens n’a probablement pas encore entendu parler de ce Contrat de quartier, ou ne saisit pas encore de quoi il s’agit, le politique en est déjà au choix concret des projets. Ainsi s’écoule l’année zéro, à vitesse V prime. Mais en terme de participation, c’est plutôt un zéro pointé.

• Pavé dans les Marolles

 

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