Chronique de la rue du Bout-du-Monde…

Je vous parle d’ici, partout ailleurs et tout autour.

En général, un contrat se signe de manière concomitante entre deux parties… D’un côté, de l’autre, on signe, on se tape dans la main, on crache par terre…
Un peu comme dans les films des années 50, quand un contrat vous tombe dessus et que vous n’avez rien demandé – et encore moins signé quoi que ce soit, ça ressemble à une franche volonté de vous voir décéder.

Sachez-le, ça pourra peut-être vous aider dans la vie.

Les gens de la ville n’ont aucun style, aucune élégance, c’est même à ça qu’on les reconnaît.
Le bluff systématique, la poudre de Perlim, c’est devenu leur parcours santé : un genre de discipline olympique. Par la magie des resquilles, l’échevine de bonne volonté nommée pour s’occuper de mon cas, puisqu’il semble que j’en sois un, s’est vue remplacée.
Le dit remplaçant, est un échevin, pratiquant la langue de bois à la proportionnelle de mètres carrés exploitables.

Me voilà donc flanquée d‘un contrat de quartier.

Me demandez pas pourquoi on n’appelle pas ça « contrat avec le quartier » ou « contrat pour le quartier » : la réponse est dans la question.

À ceux et celles qui se disent que ce n’est peut-être pas une mauvaise chose, de repaver le quartier, le nettoyer (sic), le ravaler, le restructurer, bref, à ces personnes, j’ai bien envie de répondre : le contrat de quartier a pour principe de vous faire devenir ce que vous n’êtes pas, par définition.

Vous vous souvenez sûrement de cet amoureux, qui avec beaucoup de déférence, vous incitait à faire plus de sport, histoire de perdre un peu de poids ? Et cette dulcinée, qui aurait tant aimé que vous « ayez un peu plus de style », vous vous en rappelez ?
Le contrat de quartier c’est un peu ça. Des personnes affirment vous connaître, savoir ce qui vous ferait du bien, voire même vous aimer, comment vous pourriez être tellement mieux dans votre peau, dans un corps et un comportement qui ne sont pas les vôtres.
Les politiques nous infantilisent, jusqu’à nous faire douter de nos propres besoins. C’est une méthode qui fait ses preuves. Se foutre des dégâts occasionnés, des vies désolées, avec la nécessaire vacuité de leurs fonctions.

Évidemment qu’un coup de fraîcheur ne me ferait pas de mal, mais pas en mode ravalement de façade pour l’esbroufe et le Parigot du week-end.
Dans mes cours, mes entrailles fatiguent un peu.
Mes immeubles se lézardent et les parquets se fendent.
Du confort pour les marchand-es qui s’échinent tous les matins du monde, et pour mes habitant-es que le monde entier m’envie.
Mais pas à n’importe quel prix, pas n’importe comment, pas à mon corps défendant.

L’inconséquence est le langage des médiocres.
C’est une langue que chez moi, on n’apprend pas.
Avant qu’on me change la cartographie, ça grouille au-travers de moi.
Ça bouillonne.
Ça résonne beau, dehors, dedans, toujours.

Le monde s’attarde… Là, tout au bout:
Ici, partout ailleurs et tout autour.

• Lili Rotifères

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