Le Pavé de la place

Le pavé n’est pas qu’un bloc de pierre taillée ou le titre d’un journal qu’on trouve dans les Marolles… c’est aussi un café de la place du Jeu de Balle.

Pour les passionnés du Vieux Marché, ceux qui aiment se plonger dans ce lieu où le passé et le contemporain se côtoient naturellement, où le caractère cosmopolite de Bruxelles est visible partout, il existe une quinzaine de bars et salons de thé situés sur la place du Jeu de Balle ou à proximité immédiate. Anciens, nouveaux, populaires, branchés, chers, bon marché, spécialisés ou généralistes, la majorité d’entre eux fonctionne en lien avec le Vieux Marché, ouvrent tôt le matin et ferment en milieu d’après-midi. Si badauds et touristes fréquentent surtout les établissements situés au niveau des rues des Renards et du Chevreuil, d’autres accueillent surtout une clientèle d’habitués. C’est le cas du Pavé.

Cet endroit agréable, à la fois cossu et désordonné, propose une carte tout ce qu’il y a de plus habituel mais avec l’un des cafés les meilleurs et les moins chers du Vieux Marché. Il est situé entre la rue de l’Economie et la rue de l’Hectolitre, dans un coin de la place où les établissements changent régulièrement de patrons. D’un côté, le Stoeffer (actuellement fermé) a connu huit exploitants en 10 ans. De l’autre côté, le snack à poissons en est à son troisième en 2 ans. Le Pavé, lui, tient bon depuis 12 ans, période pendant laquelle il n’a fermé qu’une dizaine de jours. Il ouvre ses portes tous les jours de la semaine, environ de 7 à 17 heures.

Le secret de cette longévité ? Peut-être le fait qu’il s’agit d’une histoire de famille… Les exploitants sont Dano, deux de ses frères, Patrick et Johan (ils sont issus d’une lignée de huit enfants) et leur père, d’origine Araméenne de Turquie. C’est la proximité du Vieux Marché qui les a fait quitter leur snack-bar de Jette pour reprendre en 2006 l’ancien “Trois Portes” et se lancer parallèlement dans la brocante.

Quand il ne s’occupe pas de vider des greniers, Dano est au Pavé et n’a qu’à traverser la rue pour rejoindre son emplacement sur le marché. Dans ce cas, l’un de ses frères s’occupe du bar, ou s’il papote avec un client, le père prend la relève.

À l’intérieur, l’univers de la brocante est omniprésent. On ne sait pas si on peut parler de décoration, en tout cas l’endroit est habité, le cadre est simple et sans prétention, les fauteuils cosy, les murs recouverts de photos, d’affiches et de tableaux, la caisse enregistreuse recouverte de tickets attribués à tel ou tel habitué, les couloirs remplis d’objets et de bibelots aussi cosmopolites que les personnes qui se croisent dans le lieu. L’affiche d’un colloque d’Esperanto trône en bonne place au-dessus du bar, tandis qu’en tendant l’oreille on entend parler français, espagnol, arabe, portugais, chinois ou tibétain…

Sur la terrasse, ensoleillée le matin, se croisent marchands, placiers, chineurs, collectionneurs, habitants, habitués… Il y en a qui ne passent pas un jour sans venir au Pavé. Tandis que les uns s’offrent des cafés de toutes sortes, les autres viennent grignoter leur casse-croûte. Certains viennent comparer et échanger tableaux, montres, colliers, pierres et autres objets. D’autres aiment retrouver des têtes connues pour plaisanter et raconter des histoires du quartier. On peut par exemple y entendre qu’il y a longtemps, l’ancienne maison du sacristain (qui héberge aujourd’hui la Petite Maison, au n°23 de la place du Jeu de Balle) aurait été une entreprise qui fabriquait des tuyaux de pipes de grande qualité. En tout cas, si l’on a du mal avec sa solitude, on trouve toujours quelqu’un avec qui parler. Et si l’on aime l’ambiance du Vieux Marché, c’est l’un des cafés où aller se poser. À condition d’y prendre ses habitudes.

• Nicole & Gwen

Dessins : Camille Bruckel

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