L’atelier du goût
Dans le numéro 9 du Pavé dans les Marolles, Mounia, Pierrot et Roxanne nous ont expliqué la naissance du Pianocktail et le sens de sa place dans les Marolles. Dans ce numéro, quatre des cuisinier·e·s qui s’y succèdent aux fourneaux le dimanche, nous parlent de cette expérience.
Sophie : « Même quand je vivais seule, je me faisais des petits plats »
« Je suis très attentive à ce que, dans l’assiette, il y ait différentes saveurs, des couleurs. En fait, quand je pense aux dimanches où je vais cuisiner, j’y pense longtemps à l’avance. De toute façon ça va être des légumes de saison. Je dessine mon assiette. Je dessine un rond alors je regarde l’assiette, je la laisse comme ça et je feuillette mes recettes et sur une feuille, j’écris ce que j‘ai envie de faire. En relisant, je choisis dans ce que j’ai noté ce qui ne va pas prendre trop de temps. Alors, je dessine sur mon assiette et je mets les couleurs aussi et je vois combien il y a de trucs sur l’assiette. Plusieurs jours avant, je fais germer des graines de façon à ce qu’il y ait toujours du vert et la veille je fais des choses chez moi et comme ça, le dimanche il n’y a plus que de l’assemblage et ce que je ne peux pas faire à l’avance.
Je trouve que ce serait intéressant qu’on ait une réflexion avec tous les cuisiniers du dimanche, pour une démarche d’achats collectifs. Je suis impliquée dans le mouvement Cuisines de Quartier. Ce serait intéressant d’être dans un mouvement qui te donne plus de puissance que si tu es juste un simple citoyen dans ta cuisine. Pourquoi le Pianocktail ne pourrait pas rentrer dans ce mouvement ainsi chaque cuisinier pourrait développer une conscience de comment a été produit ce que l’on met dans la bouche et ne serait pas seul à penser et à faire ses courses. »
Ben : « Déguster une pâtisserie, c’est pour passer de bons moments »
Lors de notre entretien, nous avons dégusté quelques-uns des délicieux desserts de Ben.
« En 2015, ma psychiatre, qui faisait partie des membres fondateurs du Pianocktail, m’a dit : « Vous ne voulez pas aller dans un lieu de rencontre ? »
Au départ, je venais manger le dimanche et puis un jour on m’a parlé de l’Assemblée Participative. A ce moment, je suivais des cours de restauration au CERIA et j’avais envie de mettre mon apprentissage en pratique. Cuisiner pour soi seul, c’est pas marrant mais cuisiner pour d’autres, tu as un aperçu tout de suite: c’est bon, c’est pas bon ! Les métiers de bouche, restaurateur-traiteur, boucherie, chocolaterie et boulangerie-pâtisserie, j’ai fait les quatre mais je me suis inscrit au CERIA pour apprendre la boulangerie-pâtisserie. A la base j’avais une formation en comptabilité et j’ai un diplôme en marketing-management.
Toutes ces formations ! Si j’avais dû les faire en Afrique c’était impayable. T’arrives ici, on te dit que tu peux étudier comme tu veux, c’est le rêve.
Faire le pain, c’est toujours la même chose. Mais par contre la pâtisserie, mes aïeux ! Il y a la technique, il y a l’imagination, la créativité. Je peux te dire que les tartelettes à la fraise c’est impérissable, si t’as de bonnes fraises et que tu sais faire un bon biscuit, la crème pâtissière, ça fonctionnera toujours ».
Sami et Sema : « Le Pianocktail, c’est notre salle de jeux »
SEMA : « Il faut être riche pour bien manger = bullshit. Je n’y crois pas. Grâce au GASAP (GASAP: Groupes d’Achat Solidaires de l’Agriculture Paysanne. Initiative citoyenne de soutien à l’agriculture paysanne) c’est possible.
Moi, avant j’étais seule le dimanche, pas en couple, les enfants pas là, alors j’avais un lieu pour moi, le Pianocktail. Les gens ont besoin d’un espace pour se reconnaître. «
SAMI : « Il y a des gros stress quand même. Les gnocchis… Les gens étaient déjà installés, on a plongé les gnocchis dans l’eau bouillante et ils se sont décomposés, comme moi d’ailleurs. Gros stress !
Une fois, on est arrivé très en retard. On était encore en train de faire les courses une heure avant l’ouverture ».
SAMI ET SEMA : « Etre dans la cuisine du Pianocktail, c’est comme être à la maison. C’est comme investir un espace de jeux, d’essais, de couleurs, parfums et saveurs. Ce qui est magique, c’est de pouvoir le partager avec d’autres, « les goûteurs, mangeurs ».«
Nicole
« L’atelier du goût » de 13h à 16h, tous les dimanches au Pianocktail, rue Haute, 304 – 1000 Bruxelles. Le Repas : 5€ et le dessert de Ben : 2€
Photos Paul L’hoir