Editosn°14

Edito

Il y a tout juste dix ans, le quartier des Marolles était plongé au cœur d’une actualité politico-urbanistique dont il se serait bien passé. La bataille avait démarré dans les premiers jours de novembre 2014, au moment où la Ville de Bruxelles avait confirmé son intention de construire un parking sous la place du Jeu de Balle. Elle s’était terminée quatre mois plus tard, le 26 février 2015, lorsque ce projet futétait officiellement… enterré. 

La mobilisation avait pris comme une traînée de poudre, démontrant le très large attachement porté à la place du Jeu de Balle, à son tissu social et commerçant, et bien sûr au Vieux Marché. Ceux-ci ne se seraient jamais remis du chantier de plusieurs années ni du “lifting” qui leur étaient promis. Pendant quatre mois, le refus de ces grands travaux inutiles s’exprima sur tous les tons, dans toutes les langues, en cortèges et en chansons, en affiches et en slogans, en réunions et pétitions, par la joie et la colère… Et la victoire fut célébrée par une semaine de fête et d’activités, du 14 au 20 mars 2015, date anniversaire des 142 ans de présence du Vieux Marché sur le Jeu de Balle, marquée notamment par une soirée de concerts et lectures à La Brocante et par un inoubliable “goûthé dansant” à La Clef d’Or.

Il y aurait beaucoup à dire sur cet épisode de la vie des Marolles, nous y reviendrons probablement dans un prochain numéro. En attendant, on peut quand même se rappeler avec satisfaction que la détermination qui s’est manifestée au sein de la Plateforme Marolles était sans faille. Et qu’à aucun moment, les tentatives de justifier cet aberrant projet n’ont fonctionné, pas plus que celles de diviser les nombreuses personnes mobilisées. 

Alors bien sûr, les changements ont été nombreux depuis lors, et par exemple des institutions comme La Brocante ou La Clef d’Or ont fermé leurs portes. Bien sûr, le quartier n’a pas cessé d’être la proie des appétits immobiliers et d’efforts politiques divers et variés pour le rendre plus aseptisé et plus touristique. Mais la place n’a pas été éventrée, le marché n’a pas déménagé et la mobilisation contre le parking a créé des liens et donné des forces. Pour preuve, le suivi vigilant mené par des habitant·e·s et des associations autour du Contrat de quartier initié par la Ville dès 2017. Et c’est aussi dans la foulée de la Plateforme Marolles qu’est né le Pavé dans les Marolles… dont vous tenez dans les mains la quatorzième édition. Et ça, c’est pas rien.

Le Pavé
[Photo : Plateforme Marolles]