Brève histoire de mode et de temps
Julie Menuge est créatrice de mode, elle confectionne des collections de vêtements uniques. Lorsqu’elle était étudiante à la Cambre elle vivait rue du Chevreuil. Au 154 de la rue Blaes, il y avait un magasin, Africa Bali…
Elle entre un jour en voisine dans cette boutique, Africa Bali, et y chine des tissages par bandes artisanaux du Ghana et du batik vintage indonésien.
En 2013, le magasin a disparu. Julie visite la maison, tout en ne sachant pas que le monsieur d’Africa Bali est décédé, elle ne connaît pas le propriétaire, fantasme sur ce lieu. Elle ne peut avoir cette maison, mais elle sait qu’elle veut faire une chose : vivre de son travail artistique.
Des années plus tard, elle a l’opportunité de louer cette maison qui l’inspire tant. Nous sommes en 2017, elle y monte un collectif de créatrices et de créateurs, Slow Machine. Le propriétaire ne veut pas en faire un snack, cet espace est un lieu pour la création. Il y a cinq plateaux d’ateliers sur trois niveaux, avec au rez-de-chaussée l’espace boutique. Le lieu va fonctionner ainsi durant deux ans, au rythme des créations et des collections.
Lorsque le collectif se sépare, Julie demande au propriétaire si elle peut garder l’espace. C’est le 21 mars 2019, à son retour d‘un voyage au Burkina Faso, qu’elle ouvre sa boutique à elle, dans cette maison à laquelle l’histoire de son travail semble tant liée.
Depuis qu’elle est arrivée à Bruxelles, elle intègre dans ses vêtements autant de matériaux très précieux achetés ci et là en boutiques et antiquaires par exemple, que d’autres, plus insignifiants, glanés à la fin du Vieux Marché sur la place du Jeu de Balle. Elle questionne son travail et son rapport à la mode perpétuellement. Ainsi cette mixité de tissus prend une place prépondérante dans ses collections, un marqueur fort du travail de Julie, un carrefour des cultures en somme.
Si Julie a voulu installer sa boutique aux Marolles, c’est aussi pour cette rencontre interculturelle. “Quand tu traverses la rue Blaes en entier, tu vois vraiment une progression des shops les plus populaires, qui partent du bout de la rue côté Porte de Hal, t’arrives au Vieux Marché, tu progresses vers la Chapelle où se trouvent de plus en plus d’antiquaires. L’emplacement est finalement aussi une espèce de carrefour. Entre les brols, ce qu’on pourrait appeler le degré zéro du textile et les broderies magnifiques ou précieuses qu’on trouve chez les antiquaires.”
La boutique de Julie ne porte pas de nom, “elle pourrait s’appeler Antique-plastique, c’est ce à quoi je pense chaque fois que je me promène sur la place du Jeu de Balle.”
Le propriétaire qui lui loue cette maison depuis bientôt trois ans, n’est autre que Nicky Luppens, notre Nicky du Pavé. Un enfant des Marolles, figure et mémoire vivante du quartier.
Le tissu acheté un jour dans la boutique d’Africa Bali trône toujours sur ses précieuses étagères parmi d’autres tissus magnifiques. Peut-être qu’un jour, elle en fera un vêtement, qu’une personne achètera et qui à son tour, dans très longtemps, viendra aussi vivre dans cette maison. Un quartier c’est aussi ça. Les Marolles c’est aussi ça. Des mémoires, des gens, qui se croisent et parfois se reconnaissent, pour fabriquer et tisser ensemble une mémoire collective multicolore.
• Lili
Boutique de Julie Menuge,
rue Blaes, 154, Marolles.
mais quelle belle histoire!
Tout celà me paraît bien intéressant, reste à y faire une visite !
Salut Julie ,moi aussi je suis une passionnée du textile ,je t encourage à continuer et si un jour je vais à Bruxelles, je ne manquerai pas de passer dans ta boutique te voir .Tres bonne et prospère continuation .Carnita Alvarez